Une écriture très - (démarche artistique par Cosmina)
Ma manière de peindre a été influencée et construite petit à petit par mon parcours personnel.
Née en Europe et élevée en France, a été initiée à peindre avec de l’huile dès l’âge de 8 ans et depuis, j’ai toujours utilisé l’huile pour créer mes tableaux. Ce médium est le plus employé par les peintres depuis siècles et je pense que le plus durable et le plus agréable à travailler.
Ma formation universitaire à la culture japonaise et chinoise m’a amené à apprécier les compositions orientales où la dualité entre le vide et le plein, le yin et le yang – le clair et l’obscur -jouent un rôle essentiel dans l’équilibre d’une toile. Je passe des nombreuses heures à trouver ce rapport d’harmonie dans mes toiles et à composer des couleurs qui incitent le spectateur à trouver un espace propice à la méditation.
Le graphisme de mes tableaux a été volontairement réduit à son expression la plus simple : points et traits. J’ai choisi cette démarche graphique suite à la lecture des écrits de Vassily Kandinsky et Paul Klee. Ces «formes-couleurs», sont des indications directionnelles dont l’unique rôle est d'atteindre celui qui les contemple et de le conduire à l’expression de ses émotions. L’absence de suggestion d’objet (nature morte ou figure humaine) renforce l’idée de quelque chose qui n'a pas besoin de mots, quelque chose qui n’a pas besoin d’être décrit mais essentiellement ressenti.
J’ai adopté la démarche de «Action Painting» créée par Jackson Pollock. Ces tâches imprévues et imprévisibles, jetées au hasard sur la toile, sont un moyen de libérer les émotions les plus enfouis en nous. C’est aussi l’expression de l’infinie complexité de la pensée humaine et le caractère imprévisible des réactions humaines.
Cette manière de peindre m’a conduit à construire une démarche que j’ai appelée «le hasard contrôlé» qui me permet de travailler une toile de manière spontanée à l’infini. J’aime travailler un tableau jusqu’où moment où je trouve que ces tâches imprévues et imprévisibles, jetées au hasard sur la toile, sont harmonieuses. A ce moment-là, j’arrête de peindre et je considère que la toile est terminée. Travailler par terre, à la manière des Indiens d’Amérique qui peignent sur le sable, en tournant autour de la toile me donne le sentiment de participer activement à la construction d’un tableau et de rentrer dans l’univers pictural de manière physique et mentale. J’aime me sentir submergée, attirée par les couleurs ; j'aime ce voyage «dans» le tableau. C’est ce que j’attends de la part du spectateur devant mes peintures : faire le vide et se laisser plonger dans l’univers coloré afin d’éveiller ses sens.
Ma peinture est donc essentiellement basée sur une relation établie entre le spectateur et le tableau. Ce n’est pas la puissance relationnelle entre les «formes-couleurs» et l’espace pictural qui m'intéressent, mais «l’expérience émotionnelle» qu’elles suscitent chez le spectateur.
Depuis 2006, je choisis chaque année une idée abstraite pour donner un fil conducteur à mes toiles au sein d’une collection. J’exploite cette idée sur une dizaine de toiles en essayant d’utiliser à chaque fois des compositions et des constructions de couleurs différentes.
Sans titre – Ref. US 01 - Huile sur toile - 91 x 183 cm (36x72in)
Ce tableau fait partie de la collection intitulée : "les Mystères du Vent " ou "le Vent, la symphonie de la Terre".
Le vent est un élément invisible mais puissant qui éveille les sons et anime l’univers. C’est le chef d’orchestre qui fait chanter la nature et compose une musique céleste qu’il faut apprendre à écouter. Il est aussi celui qui fait danser les feuilles, les plantes, les chevelures… C’est le chorégraphe qui rythme la danse inespérée de l’univers.
Le vent est aussi la respiration ou le souffle qui anime l’esprit et l’élan créatif. C’est ce souffle qui apporte le calme nécessaire à la création et la méditation. C’est le vent aussi qui produit la colère et dérange l’esprit. Le vent ou le souffle invite à un voyage intérieur.
C’est cela le «Mystère du Vent».
Dans ce tableau intitulé US 01, le contraste puissant des couleurs provoque un drame psychologique propice à la méditation et à la quête d'émotions nouvelles. C’est l’évocation du vent, cette vitalité infinie de l'univers, qui demande de la part du spectateur une identification cosmique au mystère des énergies invisibles qui animent l'espace.
Les deux mouvements opposés des tâches colorées plongent le spectateur non vers l'extérieur mais vers l'intérieur. Ils l’incitent à se plonger vers ce qui est de plus profond en lui et l’invitent à chercher l'expression de ce qui est le plus enfouis en lui-même. Il ne s’agit pas de se replier sur soi-même pour faire une introspection; il s’agit se rendre disponible à chercher et à connaitre ce qui dépasse connaissances humaines.
Le minimalisme graphique suggère l’idée d’humilité ; il faut se débarrasser de tout ce qui est inutile pour se laisser plonger dans ses émotions et goûter sa propre puissance méditative.
Les modulations subtiles des tâches colorées dématérialisent les surfaces afin de faciliter le passage de cette chose imperceptible et légère qui est le souffle du vent.
L’impression de flous et les couleurs estompées empêchent les formes de se rigidifier et suggère l’idée de dématérialisation. C’est le vent mystérieux et imperceptible qui anime l’univers. C’est le souffle de l’énergie méditative.
Cosmina explique “Les Facettes Extérieures du Moi”
“Le Moi” est ce que vous êtes vraiment.
“Les facettes extérieures” sont ce que vous voulez montrer.
les facettes extérieures du Moi sont le différents aspects du Moi que vous voulez montrer en société.
Un caméléon change la couleur de sa peau pour se fondre dans l’environnement. C’est son moyen de survivre. Pour jouer un rôle, un acteur change sa propre personnalité pour s’accorder au personnage qu’il veut incarner. Un acteur est payé pour jour ce rôle.
L’être humain adopte différents traits de l’esprit et différents comportements dans sa vie publique, pour s’accorder aux rôles qu’il doit assumer. Dans sa vie privée, un homme est un mari, un père, un amant. Professionnellement, un homme peut être un politicien, un boucher ou un ouvrier. Pour survivre socialement, il doit montrer des aspects différents de sa personnalité.
Ces changements sont devenus si naturels que personne n’y fait plus attention.
Dans la nouvelle collection, intitulée “ Les Facettes Extérieures du Moi”, il s’agit du moment précis lorsque quelqu’un change son comportement pour s’adapter à différentes situations.
Dans mes peintures, pour traduire la dualité entre le Moi et ses facettes extérieures, j’ai généralement choisi de représenter deux entités différentes. Des directions très colorées, ainsi qu’on le voit dans les tableaux US21 ou US22, indiquent le changement d’état. Dans d’autres peintures, comme US30 et ou US33, un très fort mouvement indique le moment où la transformation se produit, le moment où “le Moi” adopte un aspect extérieur en accord avec le rôle à assumer en société.
La collection “Les Facettes Extérieures du Moi” ne doit pas être confondue avec celle intitulée “De l’apparence vers la quintessence” réalisée en 2012-2013. “De l’apparence vers la quintessence” traite de l’idée “d’une noix sans la coquille”, ou comment se débarrasser de ce qui n’est pas nécessaire (les apparences, les surfaces externes) afin de trouver ce que nous sommes vraiment à l’intérieur.
Le but de la collection “Les Facettes Extérieures du Moi” est de montrer les différents aspects extérieurs que le Moi doit adopter afin de survivre socialement.
Sans titre US30- 2016 - huile sur toile - 72 x 48 (183 x 122 cm )
"Les facettes extérieures du Moi"